Le Top des Années 90
Claudia Schiffer arrive à Paris en mars 1989. Elle a presque 19 ans. On la considère déjà comme la plus belle fille du monde. Aline Souliers, directrice du booking femmes à l'agence Metropolitan raconte les débuts de Claudia : "Début janvier 1988, Michel Levaton et Dominique Galas, mes deux associés, se trouvent à Düsseldorf dans une discothèque. Ils prennent tranquilement un verre. Quand ils remarquent Claudia. C'est Michel qui se lève pour lui parler. Elle rit aux éclats, elle n'a jamais envisagé de devenir mannequin. Claudia est une jeune fille bien élevée issue d'une famille bourgeoise. Son père est avocat et sa mère reste à la maison. Elle étudie et passe l'Abitur, l'équivalent du bac à la fin de l'année. En fait, elle poursuit ses études par correspondance et réussit son examen. A la mi-janvier, elle est à Paris, prête à travailler. Elle n'a aucune photo et c'est Maris-Françoise Prybys qui lui fait ses premiers tests, quatre photos très jolies, très fortes où Claudia ressemble à une petite fille. Elle a l'air d'un bébé. Je lui organise des rendez-vous dans tous les magazines féminins de Paris. Personne ne veut prendre le risque de faire travailler une débutante. Elle est soi-disant un peu vulgaire... Seule Odile Sarron de Elle trouve Claudia divine et immédiatement décide de la faire poser pour son magazine..."
"Claudia Schiffer a fait ses premières photos pour Elle le 28 janvier 1988. Il s'agissait d'une mode coton vichy noir et blanc, assez sexy où Claudia apparaissait en soutien-gorge ou bustier, en short ou minijupe. Elle posait avec un charmant jeune homme, Bill Goins. Lors de cette séance, ils sont tombés très amoureux l'un et l'autre et vivent ensemble depuis ce jour-là. Les photos ont été réalisées par Tito Barberis et publiées au mois de février. Depuis, Claudia est arrivée. Je suis son agent exclusif et elle n'est pas représentée à l'étranger. Tout passe par moi. J'ai toujours été très proche d'elle. Je crois qu'elle me fait confiance. Je la considère comme une amie. Après la parution dans Elle, j'ai contacté les grands photographes et je leur ai envoyé le book de Claudia : Herb Ritts, Steven Meisel, Patrick Demarchelier... Ils ont mis beaucoup de temps à répondre, mais je préfère m'adresser directement à eux plutôt qu'aux rédactrices des magazines. Ils sont plus courageux ! Le première grosse campagne publicitaire de Claudia, c'était
Guess Jean" pour Olivier Marciano. Elle avait été bookée par Ellen von Unwerth. Claudia n'était plus une débutante, elle était un bon mannequin. Pas encore un top. Mais celui qui a fait exploser Claudia, c'est Herb Ritts. Il l'avait choisie pour une série de photos dans Vogue anglais. Quand c'est sorti, elle a explosé. C'était il y a six mois. Aujourd'hui, elle est trèe demandée. Je n'ai pas moins de 20 demandes par jour. Mais je surveille beaucoup son image. Comme elle a des faux airs de Brigitte Bardot, certains cherchent encore à profiter de cette ressemblance.
Cela ne nous intéresse plus. J'admire beaucoup Brigitte Bardot, mais Claudia a sa propre personnalité et ce serait dommage de l'annihiler. Mon moyen de contrôle est de demander à chaque fois le thème des photos. Je n'ai jamais accepté que Claudia pose pour des cigarettes, des alcools ou des produits alimentaires. Rien qui pourrait la rendre vulgaire. Claudia vient de signer une exclusivité pour les défilés de Chanel. Je reçois de nombreuses propositions pour des exclusivités de produits cosmétiques. Nous n'avons encore aucun contrat. Le tarif de Claudia actuellement est de 7000 
à 8000 dollars par jour. C'est une fille formidable, très professionnelle, toujours très ponctuelle.Les grands photographes appellent eux-mêmes. C'est exceptionnel. En général, ils confient plutôt ce travail à leur agent. J'ai reçu au moins une dizaine de scripts. Pourquoi pas. Mais, le plus extraordinaire, c'est quand on m'a demandé si Claudia voulait être chanteuse. J'ai répondu qu'elle ne savait pas chanter. "Ce n'est pas grave, m'a-t'on dit, on peut tout faire en studio..."
C'est beaucoup d'argent. Il faut discuter. Metropolitan ce n'est pas seulement Claudia. L'agence a été créée il y a trois ans. Nous travaillons avec 40 filles à Paris, et nous en représentons une centaine dans le monde. Elles travaillent toutes beaucoup. Autrefois, un mannequin pouvait se contenter d'un seul pays. Aujourd'hui, elles doivent tourner. Elles travaillent aussi bien en Allemagne, en Italie, en Angleterre ou aux Etats-Unis. Il n'y a pas suffisamment de travail dans un seul pays. Le métier est devenu international. On trouve de plus en plus de filles. Etre mannequin n'est plus inaccessible. Quelques unes se présentent elles-mêmes. Mais en général, ce n'est pas terrrible, on préfère les chercher nous-mêmes. Il ne faut pas croire que c'est si facile de trouver un top-model. Il n'y en a même pas dix dans le monde..."
Interview parue dans le magazine Photo de mars 1990.
Les photos sont de Antoine Verglas
©1990 PHOTO, Editions des Savanes
|
Date de création : le 2 février 1996 |
©(1996,2000) Benoit Langrand
|
| Mise à jour : le 17 décembre 2000 |
 |
