Irène Jacob est née dans les environs de Paris le 15 juillet 1966; mais très rapidement, toute la famille part habiter à Genève, en Suisse. Elle est la plus jeune des quatre enfants des Jacob, et l'unique fille aussi. Son père était physicien, sa mère psychologue.
"Ma famille était très farouche en ce qui concernait les sentiments, nous n'en parlions jamais; ce qui, bien sûr, ne voulait pas dire que nous n'en avions pas. Je pense que c'est une des raisons qui font que j'ai été attirée par le théâtre, je voulais vivre des histoires parce que cela pouvait m'aider à faire le récit de ma vie de famille."
L'intérêt d'Irène Jacob pour le théâtre commence vers 12 ans, lorsqu'elle voit des films de Charlie Chaplin. "Ils me touchèrent profondement," se rappelle-t'elle. "Ils me firent rire et pleurer, et c'était exactement ce que j'attendais d'un film : d'éveiller en moi des sentiments."
En 1984, à 18 ans, deux diplômes de langues en poche (elle parle anglais, allemand, italien et français),elle part s'installer à Lyon puis à Paris où elle a été acceptée à l'Académie Nationale Dramatique, rue Blanche.
"Je suis montée à Paris parce que je voulais vivre dans un environnement artistique où je pourrais enfin m'exprimer, me révéler, ce qui n'était guère possible en Suisse."
"Je suis arrivée là-bas et je m'y suis retrouvée seule, malgré le fait que mon frère, musicien, y habitait lui aussi (ses deux autres frères sont des scientifiques). J'ai trouvé du travail comme vendeuse de dictionnaires par téléphone et je me suis inscrite à plein temps dans une école d'art dramatique. Cette école était gratuite si vous passiez l'audition, ce que j'avais fait."
Trois ans après son arrivée à Paris, Irène Jacob débute dans un film de Louis Malle, "Au Revoir, Les Enfants", où elle joue le rôle d'un professeur de piano.
Elle tourne avec Krzysztof Kieslowski, la "Double Vie de Véronique". Dans ce film, pour lequel elle reçoit le prix de la meilleure actrice au Festival de Cannes en 1991, elle incarne deux personnages : Véronique et Weronika.
En 1993, elle tourne avec Jean-Louis Trintignant, de nouveau dans un film de Krzysztof Kieslowski, c'est "Trois Couleurs: Rouge". Ici, elle incarne une jeune modèle suisse, jolie et solitaire, dans une histoire magique de destinée et de coïncidence. Sûrement son plus beau rôle et celui qui l'a portée au niveau des plus grandes.
Elle prend alors une pause de neuf mois pendant laquelle elle lit beaucoup (Tolstoï, Balzac, Singer et d'autres).
Au cours du printemps 1994, elle tourne "All Men Are Mortal", une adaptation du roman de Simone de Beauvoir, à Budapest avec Stephen Rea.
"C'est un acteur merveilleux," dit-elle de Rea. "Il est très timide mais noux avons passé de délicieux moments - c'est un être particulièrement généreux."
"Je joue le rôle d'une actrice ambitieuse qui n'est jamais satisfaite. Un jour, elle rencontre un homme dans la rue. Ils vivent une romance. Il apparaît que cet homme est immortel physiquement, mais tout aussi fragile sentimentalement que tout un chacun, et donc sa capacité à aimer est limitée. De Beauvoir a écrit ce livre juste après la Seconde Guerre Mondiale et le sens caché du livre était, en fait, que les survivants de cette guerre sont incapables de réintégrer une vie normale."
De Budapest, l'actrice part directement pour Berlin où elle tourne alors "Victory", d'après une histoire de Joseph Conrad.
"L'action prend place au début du siècle. Je joue une violoniste dans un orchestre exclusivement féminin dans le Far-East," raconte Irène à propos du film, dans lequel jouent aussi Willem Dafoe et Sam Neill.
"Cette fille tombe amoureuse du personnage interprété par Willem Dafoe; mais celui-ci est dans l'incapacité d'ouvrir son coeur à l'Amour. Elle a une vie triste, même si elle a confiance, et c'est souvent le cas des héros. Tolstoï disait que les héros sont ceux qui combattent la mort intérieure, qui anéantie la confiance et l'amour."
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| Mise à jour : le 17 décembre 2000 |
©(1995,2000) Benoit Langrand |